Jumeaux témoins

Kaiza et moi entrèrent dans le palais, nous avions quelque chose à faire, quelque chose à annoncer, et nous étions bien décidés à le faire, enfin j’étais bien décidé. Je ne savais pas comment dire ce qui s’était passé, c’était si brusque, si soudain. Je jetai un regard à Kaiza, cherchant un peu de réconfort ou simplement de l’aide, mais celle-ci tournai ostensiblement la tête, elle n’avait pas l’air contente, et cela se comprenait. Je soupirai intérieurement, comment tant de malheur avaient-ils pus arriver si vite ? La trahison des sentinelles, leur alliance avec les Ts’liches, la rébellion de deux d’entres eux, les sentinelles figés, le verrou Ts’liches. Comment expliquer tout cela a un empereur que nous n’avions jamais vu ? Nous n’étions qu’une jeune dessinatrice et un tout nouveau marchombre, certes mon maître m’avait dit que j’était doué et idem pour Kaiza mais il y avait beaucoup plus puissant que nous. Soudain une pensée me vint a l’esprit, depuis le combat des sentinelles c’était moi qui était le plus raisonnable et timide … raisonnable … lâche oui ! Je n’avais rien fait quand les sentinelles s’étaient fait attaquées et j’en avais dissuadé Kaiza. Est-ce que c’était l’attitude d’un fier marchombre ? Qu’aurait dit mon maître ? Il m’aurait sûrement retiré mon droit de marchombre, si il l’avait put. Je serrai les poings en y pensant. Non ce que j’avais fait était la meilleure chose à faire ! Ainsi nous étions vivant et pouvions apprendre la nouvelle à l’empereur, mais a présent que l’instant était arrivé je n’arrivai pas a me décider.

Nous doublâmes quelques nobles qui avançaient dans le palais, ils remarquèrent aussitôt nos tenus froissés, nos mines épuisés, les cernes sous nos yeux, l’air furibond de Kaiza et mon air a moi … d’ailleurs qu’elle tête avai-je ? Tout ce que je sais c’est qu’ils nous dévisageâmes et nous dépassâmes en faisant des petits commentaires que j’imaginais pas aimables. Mais comment ne pas les comprendre ? Après ce que nous avions vu et fais je savais bien que l’on ne sent sortirait pas pimpant et souriant. Au souvenir de ce qui s’était passé ma mâchoire se crispa.

Tout avait commencé normalement, je m’amusai comme un petit fou à ne pas me faire repérer, un défi pour un marchombre, quelle aventure de suivre les sentinelles a leur insu ! Kaiza aussi était toute excitée, mais nous avions mal choisit notre jour, c’était le jour de la trahison des sentinelles. Puis les choses se passèrent très vite, la découverte du champ de force, l’affolement de Kaiza, l’apparition des Ts’liches, ma tentative pour la dissuader de les sauver, notre bagarre et finalement notre départ pour Al-Jeit. Nous étions enfin arrivés, exténués, démoralisés, affamés et avec un froid entre nous. Finalement nous arrivâmes devant la porte de la salle du trône, gardée par deux grands gardes, rien qu’a les voir cela intimiderait bien des gens. Je jetai un regard à Kaiza et ignorant sa colère je dit :

« On y va ? »

Je disais cela juste pour rompre le silence oppressant qui régnait, pour la faire réagir.

Kaiza ne préférait pas regarder son frère de face. Elle était tellement dégoûtée, dégoûtée qu’il l’ai retenu, et aussi dégoûtée parce qu’elle aurait pu faire encore mieux, pour essayer de défendre ces sentinelles.. Pourquoi Danolio l’en avait-il empêché ? Qu’est-ce qu’à ce moment précis, s’était-il passé dans l’esprit de son frère jumeau pour qu’il en arrive à un acte aussi lâche ? Après quoi, Danolio décida d’aller en informer l’empereur qui se devait d’être tenu informer. Kaiza n’adressa pas un seul mot durant tout le voyage qu’il effectuèrent. L’envie n’y était pas et ses pensées étaient toujours sur ce verrou, ces sentinelles.. Une haine profonde la traversait, et pourtant, elle essayait de ne rien en montrer sur l’expression de son visage. Elle ne voulait pas que son frère sache qu’il l’avait vraiment déçu et qu’elle ne le voyait plus vraiment de la même façon.. Telle si cette complicité ayant traversé de rudes épreuves s’écroulait contre son gré… Elle ne voulait pas voir son frère de façon différente et pourtant, elle n’y pouvait rien, luttant contre elle-même, contre ses propres pensées.. Que faire… le dire à Danolio ? Sûrement pas, il devait déjà ce sentir très mal, alors pas la peine d’en ajouter..

Une fois devant la porte de l’empereur, Danolio se mit à parler. Kaiza détourna le regard, pour ne pas montrer ce regard haineux envers son frère. Le suivant de très près, elle n’avait toujours pas prononcer un seul mot pour s’adresser à lui. Se contentant d’hochement de la tête et autres.. Elle n’avait même plus cette force de lui parler.. Pourquoi ? pourquoi ? Cette même phrase lui revenait en boucle, comme hantant son esprit désormais confus par cette lâcheté de son frère, qui plus est, un marchombre ! Comment avait-il osé ? Les marchombres montraient leur vaillance et peu importait s’il fallait en mourir ! Danolio en était-il vraiment digne de porter ce nom ? Kaiza n’essayait même pas d’y réfléchir ! Bien sûr que si son frère en était digne ! Après cette parole de son frère. Elle remit son regard sur lui tout en le baissant le plus possible pour ne pas atteindre son regard, et hocha délicatement de la tête.

* Mon frère, mon Danolio, ne va pas croire que je te déteste ! Je t'aime toujours autant, rien n'est plus certain... Mais pourquoi autant de lâcheté? Pourquoi ? Pourquoi tu ne me l'explique pas...Certes je ne te l'ai pas demandé, mais j'aimerais tellement savoir, c'est si important... *

Rebaissant son regard, elle le suivit, tout en lâchant un soupir, un soupir pesant, qui en disait long sur ce qu'elle pensait, mais qui restait sourd, et inaudible aux oreilles de son frère. Enfin, c'est ce qu'elle pensait, rien n'était moins sûr, mais pourtant, elle préférait croire qu'il n'avait rien entendu qu'"au contraire.

* Je t'aime tant... *

Tandis qu'elle pensait, ils arrivèrent devant l'empereur, elle n'avait rien vu passé, mais un garde leur avait ouvert. Et, tout en restant dans ses pensées, ils étaient déjà devant l'empereur, elle le salua, tout comme son frère et jeta un coup d’œil en coin sur ce dernier.. qui prendrait sans aucun doute la parole.

J’inspirai à fond et m’inclinai respectueusement devant l’empereur. Un moment j’avais espéré que Kaiza allait prendre la parole, je du me faire à l’évidence. J’avais toujours été le plus bavard des deux, le plus excentrique, je devais le prouver en prenant la parole ! J’avais toujours été doué pour les noms ronflants, les paroles respectueuses etc. Je devais montrer mon talent aujourd’hui, j’inspira de nouveau et me lança :

« Cher empereur, excusez nous pour ce rendez-vous … express et nos allures quelques peu paysannes mais nous avons été témoins d’une scène si atroce qu’il était de notre devoir de vous prévenir au plus vite.
-Arête de tourner autour du pot, vous avez vu un cheval se faire battre par son propriétaire ? »

Je déglutis, il ne nous prenait pas aux sérieux, il n’allait sûrement pas me croire ! Comment expliquer la nouvelle à l’empereur ? Je jetai un regard à Kaiza, espérant un peu d’aide, puis je repris la parole, la tête toujours baissée.

« Nous avons assistés à une scène atroce, les Ts’lich ont … ont recréé le verrou Ts’lich et ont figé les Sentinelles. »

Voilà c’était dit, et la réaction de l’empereur ne se fit pas attendre, il dit d’un air enragé :

« Vous me dérangez pour cela ? Deux gamins veulent me voir pour me raconter des balivernes ?
C’est tout simplement impossible ! Les Sentinelles ne se seraient jamais laissé figer, elles seraient mortes pour leur pays !
-C’est justement cela le problème Votre Altesse Sérénissime, les Sentinelles ont trahies le pays pour s’allier aux Ts’liches. Elles voulaient faire un marché, mais les Ts’liches ont rompus le marché.
-Sortez d’ici et laissez moi, allez déranger quelqu’un d’autre !
-Mais nous disons la vérité votre Altesse Impériale ! Demandez à l’un de vos dessinateurs de dessiner quelque chose d’assez haut dans les Spires ! »

Mon ton était devenu un ton de défi, j’en avais mare ! Mare, on avait fait tout ce trajet, vu tant de choses, affronté tans d’obstacles pour se faire rejeter ainsi ! C’était hors de question, et j’étais bien résolu à prouver ce que j’avançais coûte que coûte. Je ne m’étais pas battu contre Kaiza pour rien ! Et le Gwendalavir n’allait pas se faire détruire parce que notre empereur était borné ! A présent j’avais relevé la tête et regardais l’empereur droit dans les yeux, toute peur disparue, juste de la colère de l’injustice et du défi.

Danolio se battait à convaincre l'empereur, Kaiza, bien que présente aux côtés de son frère était totalement ailleurs, son corps avait beau être ici, à cette endroit, son esprit lui, était figé sur ces sentienelles, les scènes redéfilaient successivement dans son esprit, elle n'avait que faire de parler avec cet empereur qui ne voulait rien entendre ! Elle, ce qu'elle voulait était simplement de retourner la bas, reculer le temps si elle le pouvait et surtout, les aider, trouver un moyen rapide. Kaiza allait partir mais son frère lui, était vraiment décidé à mettre l'empereur de son côté, elle admirait son audace mais ressentait tout de même cette haine envers ce dernier. Sans proférer nul mot, elle s'éloigna peu à peu de son jumeau, mais resta là, à les écouter. Elle attendait que le temps passe, que Soit lun ou l'autre trouvent une solutions aux problèmes. La jeune femme était totalement perturbée et ne savait plus ou mettre de la tête. Préférant la sagesse à la folie, elle demeura silencieuse pendant toute la conversation... Après un grand instant de vide profond que Kaiza ne supportait plus, cette dernière décida de rompre le silence, d'une façon téméraire, elle s'avança jusqu'à arriver à quelques centimètres du gouverneur et, en le fixant d'un regard osé, elle ajouta d'une voix assez porteuse.

" Vous devez nous croire, nous ne sommes pas des personnes aptes à mentir. Sachez que nous avons parcourrut beaucoup pour atteindre cette ville ! Je vous conjure de nous croire, je sais assez que nous sommes impolis de venir vous perturbez, mais croyez vous que nous nous amuserions à ce genre de choses totalement saugrenues ? J'en doute fort, c'est assez osé de vous parler de la sortes, j'en conviens, mais nous avons besoin d'une réponse immédiate. Sinon quoi, nous partirons luttez de nous même./ peu importe votre décision ! "

Une lueur brillait à l'intérieur des pupilles de la jeune demoiselle, elle était tellement sincère dans ses paroles, ne pas la croire serait se mentir. Elle avait cette force de persuadé les gens avec une sincérité surprenante. Kaiza, était exténuée, voilà l'expression coite de l'empereur, elle poussa un soupir de déception et commença à tourner le dos, en jetant un coup d'oeil rapide sur son frère, Danolio. Elle était arrivé à la porte et attendait sagement Danolio, mais ce dernier ne semblait pas bouger d'un poil;, comme figé, il n'osait pas apparemment. Kaiza ouvrit la porte et lui jeta un mauvais regard, elle partait quand l'emepeur s'exclama :

" Attendez jeune demoiselle ! Je vais vous écouter, venez asseyez vous prenez place, je vais appeller des maitres dessinateurs, nous allons parler pour voir si ce que vous dites s'affirme vrai ou non. Je ne doute pas de votre sincérité... "

Dans un élan d'alllégresse, Kaiza en resta bouche bée et ne put s'emopêcher, une fois els paroles de l'empereur finit, d'aller sauter dans les bras de son jumeau, une euphorie l'avait envahie, elle en restait ébahie...

Je croyais vraiment que tout était finit, il était vraiment incroyable cet empereur ! Têtu comme une mule entêtée ! Mais alors que je commençais à me décourager Kaiza entra en scène, je fus impressionné et fier de ma jumelle. Elle était vraiment persuasive quand elle le voulait ! Puis elle commença à partir, ne sachant pas vraiment quoi faire je regardais alternativement l’empereur sidéré et ma jumelle enragée. Finalement l’empereur se mit à parler, quand je l’entendis je sentis un poids énorme s’enlever de mes épaules. On n’avait pas fait tout ce chemin pour rien ! Ils voulaient bien nous écouter ! Et comble du bonheur Kaiza avait laissé sa colère pour sauter dans mes bras. En cet instant je devais être l’un des jeunes hommes les plus heureux du monde ! Et tandis que je serrais ma jumelle contre moi je riais. Je riais d’un rire franc et clair, c’était nerveux. On avait enfin réussit ! Certes ce n’était pas finit, les sentinelles étaient prisonnières, les Gil’Sayan disparus, l’Imagination inaccessible mais au moins tout le monde était au courant ! Quand le conseil commença nous expliquâmes tout. Enfin j’expliquai tout, en effet Kaiza ne paraissait VRAIMENT mais alors VRAIMENT pas d’humeur à raconter ce qui c’était passé. Elle avait plutôt l’air de vouloir y retourner, les sauver. Je le savais bien qu’elle ne digérerait pas quand je l’ai empêchée d’aller les sauver. Mais on n’avait pas le choix, il fallait raconter à l’empereur, ils pourraient faire plus de choses que nous.A la fin du conseil on nous demanda de nous retirer, « conversations importantes » qu’ils disaient ! Aussitôt je me rebellai :

« Conversations importantes ? Vous êtes en train de nous dire qu’on peu partir ? Qu’on va retourner dans notre petit monde et vous allez faire tout ce que vous pouvez de votre côté ? Qu’on était juste des messagers pour vous avertir ?
On est témoins, on a vus ce qui c’est passé, maintenant on est impliqués ! »

Je venais juste de réaliser que je parlais aux hommes les plus importants de l’empire qu’on était invités à rester ! Je me sentis fier, fier d’avoir pu montrer que je pouvais aider. Je me disais que c’était peut-être ce que j’attendais depuis longtemps, un moyen de me démarquer, de faire quelque chose. J’écoutai donc avec intérêt ce qui se passait autour de moi, posant parfois des questions, proposant rarement des solutions. Kaiza observait mais n’avait pas l’air de vouloir intervenir, je savais bien qu’elle voulait agir tout de suite. Je le savais mais je ne faisais rien, je ne me préoccupait que de ce qui se passait autour de moi, essayant d’en savoir le plus possible. Quand le conseil fus finit les maîtres dessinateurs partirent et nous furent bientôt seuls avec l’empereur. Il nous dit alors :

« Vous devez être fatigués. Quelqu’un va vous emmenez à vos appartements et vous pourrez prendre un peu de repos. »

Et il partit sans que l’on puisse répliquer. Je fus un peu étonné, mais bon, les souverains ce n’est pas comme tout le monde. Kaiza avait l’air décidée à garder le silence. On nous conduisit alors à de grands appartements, c’était immense ! Je regardais tout cela avec émerveillement. Bientôt on nous apporta à manger. Et je me retrouvai seul avec Kaiza. Ne sachant quoi dire je me servis un peu à manger et attendit qu’elle prenne la parole. J’avais en tête de sortir se promener après manger et s’être changer. En effet nous étions encore dans nos vêtements crasseux et froissés. Mais chaque choses en leur temps, pour moi c’était manger et une conversation avec ma jumelle.