Saelia se tenait devant Tintiane. Haineuse, elle était effrayante d'immobilité et de silence. Si quelqu'un s'était amusé à compter le temps qu'elle avait passé devant cette porte à remâcher sa colère, il aurait constaté qu'elle n'avait pas bougé depuis trois heures. Son visage ne laissait transparaître qu'une impassibilité glacée. Ses yeux, plus noirs encore qu'à l'habitude étaient insondables. Comme toujours.
La nuit tombait. Le crépuscule enveloppait la silhouette de la jeune femme d'une aura qu'elle aimait passionnément. La nuit faisait partie d'elle-même, car il faisait noir en elle depuis tellement longtemps déjà. Quand il fit complètement noir, son ombre se glissa par dessus les murs de la Confrérie...
Saelia atterit souplement dans le jardin, sans un bruit. Elle resta là, à goûter la fraîcheur de la nuit et la caresse du vent sur son visage. Quiquonque d'autre qu'elle pleurerait en cet instant. Pas Saelia. Ses yeux avaient déjà trop donné, ils étaient secs depuis longtemps. Son visage gardait uniformément la même expression. Cet endroit avait accueillit énormément de moments heureux, pourtant elle le haïssait, de la même façon qu'elle haïssait ses habitants. Mais Saelia n'était pas là poue assouvir sa vengeance. Pas encore...
Elle laissa choir dans l'herbe son épée, trop lourde, qui allait la gêner, et la longue cape noire qui la couvrait. La jeune femme s'aggripa à la façade, caressante. Son corps retrouvait toute une gamme de perceptions inconnues... Elle ne se laissa pas aller à les analyser. Rapide et efficace, elle apprivoisa la pierre et commença son ascension.
Quelques minutes plus tard, la même silhouette arrivait tout en haut du toit. Elle s'infiltra par une fenêtre, furtive et presque invsible dans l'uniforme noirceur de la nuit. Cette nuit sans étoiles qui abrite les amoureux...
Saelia entra calmement dans un long couloir. Sur sa droite se trouvait une pièce qu'elle savait être la bibliothèque. Elle l'ignora. Il en sortait des voix connues et détestées... Elle prit encore un couloir, vers la gauche, pour aboutir à une porte verrouillée. Elle la forca sans difficulté malgré la complexité de la serrure, entra, toujours extrêmement silencieuse.
Des merveilles étaient exposées sous des coussins de velours, cadeaux de différentes personnes influentes à la confrérie. La jeune femme les ignora. Tout au fond reposait, sur du satin écarlate, un anneau de métal froid et brut, mat, sans vie. Elle tendit les doigts vers lui. Sans qu'elle le touche, la bague se mit d'elle-même à son doigt, pour prendre un effet brillant et une aura argent. Sur la dessus apparut un chaton en forme de rose. Avec tendresse, la jeune femme caressa le métal devenu agréablement tiède.
Le retour dans le jardin se déroula, pour Saelia, comme dans un rêve. Elle récupéra son arme, sa cape et passa le mur d'un bon étonnant, pour s'enfoncer dans la nuit...
